
CHANG MARTIN - SIPA
Ibtissame « Betty » Lachgar, figure engagée pour les libertés individuelles, a comparu mercredi 27 août.
Un procès sous haute tension
Selon FranceInfo, le 12 août, l’activiste de 50 ans avait été placée en détention. Quelques jours plus tôt, elle avait partagé une image d’elle portant un t-shirt sur lequel apparaissait le mot « Allah » suivi de la phrase « is lesbian ». Ce cliché était accompagné d’un texte qualifiant l’islam, à l’instar d’autres idéologies, de « fasciste, phallocrate et misogyne ».
Cette publication a entraîné son inculpation pour « atteinte à l’islam », un délit prévu par l’article 267-5 du Code pénal marocain. Ce texte prévoit une peine de six mois à deux ans de prison ferme, portée à cinq ans lorsque l’acte est commis en public ou par voie électronique.
Des réactions virulentes sur les réseaux sociaux
La photo a rapidement provoqué un déferlement de réactions en ligne. De nombreux internautes ont exigé son arrestation et sa condamnation. La féministe a dénoncé un climat de haine grandissant. Elle affirme avoir reçu « des milliers de menaces » allant du viol à la mise à mort, en passant par des appels au lynchage et à la lapidation.
Ces violences numériques mettent en lumière la polarisation du débat autour de la liberté d’expression au Maroc. Les défenseurs des droits humains rappellent que de tels textes législatifs limitent considérablement l’espace de contestation et renforcent les pressions sociales sur les voix dissidentes.
Un long parcours militant
Ibtissame Lachgar n’en est pas à son premier combat. Cofondatrice du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI), elle milite depuis plus de quinze ans pour l’émancipation et l’égalité. Elle s’est illustrée par plusieurs actions symboliques, notamment en 2009 avec l’organisation d’un pique-nique en plein ramadan pour contester l’article 222 du Code pénal. Ce dernier punit ceux qui rompent ostensiblement le jeûne sans motif religieux.
Jusqu’ici, malgré ses prises de position radicales, elle n’avait jamais connu l’incarcération. Son arrestation marque donc un tournant dans sa trajectoire, mais aussi dans la manière dont les autorités entendent gérer les manifestations de contestation publique.