
JEANNE ACCORSINI/SIPA
C’est un geste symbolique fort dans les relations entre la France et Madagascar. L’un de ces crânes est présumé appartenir au roi malgache Toera, décapité à la fin du XIXe siècle.
Le retour d’un roi
Réclamé depuis plusieurs années par le gouvernement malgache, le crâne du roi Toera a été transporté dans une malle avec deux autres crânes de l’ethnie Sakalava. Lors de la cérémonie, les restes ont été recouverts de tissus traditionnels, symbolisant leur importance culturelle. Ils vont atterrir sur l’île de l’océan Indien le 31 août pour un enterrement officiel. Le souverain a perdu la vie lors d’une attaque des troupes coloniales françaises en 1897 à Ambiky, alors capitale royale à Menabe. La ministre malgache de la Culture, présente à la cérémonie, a salué ce « geste d’une immense portée ».
Une première application législative
Selon France24, cette restitution constitue un tournant juridique. Elle est la première mise en œuvre d’une loi-cadre adoptée en décembre 2023. Ce texte simplifie le retour de restes humains vers leurs pays d’origine, en permettant leur sortie des collections publiques sans recourir à une loi spécifique. Cette procédure accélérée témoigne d’une volonté politique d’aller de l’avant sur ces questions mémorielles.
La ministre française de la Culture, Rachida Dati, a précisé que des analyses scientifiques ont confirmé l’appartenance des crânes à la communauté Sakalava. Toutefois, l’identité exacte du roi Toera reste présumée, faute de certitude absolue.
Entre mémoire et réconciliation
Ce transfert s’inscrit dans une démarche politique et mémorielle. Lors de sa visite à Madagascar en avril 2024, Emmanuel Macron avait exprimé le souhait de favoriser un « pardon » face aux pages violentes de la colonisation, marquée par l’annexion de 1897 jusqu’à l’indépendance en 1960. Pour Madagascar, cette restitution répond à une demande ancienne et symbolise une étape vers la réconciliation historique.