
JEANNE ACCORSINI/SIPA
Une convention a été signée avec l’île sœur pour renforcer la coopération régionale. Cette alliance vise à mieux protéger les victimes, freiner les réseaux criminels et améliorer la prévention.
Une convention pour renforcer la coopération régionale
Le 30 juillet 2025, Madagascar a marqué la Journée mondiale de lutte contre la traite humaine par un événement réunissant responsables politiques, ONG, diplomates, entreprises et partenaires techniques. Cette mobilisation a donné lieu à la signature d’un accord de partenariat entre le Bureau National de Lutte contre la Traite des Êtres Humains (BNLTEH), l’organisation DIS-MOI (Droits humains Océan Indien) et Passerelle.
Selon les renseignements rapportés par Lexpress.mg, les deux pays veulent renforcer les actions conjointes pour lutter contre l’exploitation humaine. La convention prévoit un appui aux victimes malgaches exploitées à Maurice ou en transit dans la zone, tout en assurant leur réinsertion. Les agences de placement, soupçonnées de complicité dans certaines affaires, restent interdites.
Lors d’un atelier organisé en parallèle, des débats ont permis d’identifier des pistes concrètes pour améliorer la coordination entre États et partenaires.
Plus de 120 victimes recensées en 2024
D’après les chiffres de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), Madagascar a enregistré 121 cas de traite cette année. Neuf victimes ont été rapatriées depuis le Cameroun, quatre autres sont en attente de retour. Parmi ces victimes, 90 % sont des adultes et 10 % des mineurs. Sur les 121 cas identifiés, 42 ont été officiellement reconnus. Au total, 91 trafiquants ont été déférés devant la justice. Les régions les plus touchées sont Analamanga, Diana, Atsimo-Andrefana, Analanjirofo et Vakinankaratra. Analamanga concentre plus de 80 % des cas, signalant une forte vulnérabilité dans la capitale.
Les formes les plus fréquentes de traite sont le travail domestique, le travail forcé, les pratiques assimilables à l’esclavage et les mariages contraints, représentant 78 % des cas traités.
Des milliers de travailleurs malgaches à l’île Maurice
Depuis 2022, 6 595 Malgaches ont obtenu un visa pour travailler légalement à Maurice. En 2024, 2 831 visas ont été délivrés, contre 1 438 en 2023 et 1 313 en 2022. Pour le premier semestre 2025, 1 013 visas ont déjà été visés.
Cette migration encadrée s’explique par la proximité géographique et les liens culturels entre les deux îles. Du côté mauricien, les employeurs apprécient les compétences et la motivation des travailleurs malgaches.
Reconnue pour ses compétences et son sérieux, la main-d’œuvre malgache s’impose dans de nombreux secteurs d’activité. Cette réputation de professionnalisme, associée à un niveau de rémunération attractif, en fait une ressource prisée par les employeurs mauriciens. Ces derniers sont confrontés à des difficultés croissantes de recrutement sur leur propre marché du travail.
Situation alarmante dans les pays du Golfe
Des femmes recrutées pour des postes de domestiques au Liban, au Koweït ou en Arabie Saoudite subissent violences, confiscation de passeport, salaires non versés et viols.
Le film « Fleurs de l’espoir » (2018) retrace le calvaire de plusieurs victimes de la traite. Certaines ont été mariées de force ou vendues contre de l’argent. Le témoignage d’une survivante révèle qu’elle a été cédée pour douze millions d’ariary à un homme atteint de troubles mentaux.
Les efforts conjoints de Madagascar et Maurice montrent une volonté politique forte. Mais la lutte contre la traite humaine exige un engagement durable, des sanctions renforcées, et surtout, une protection réelle des victimes.