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L’opération a été menée à l’hôpital universitaire de Guangzhou, selon une étude publiée dans la revue scientifique Nature.
Une transplantation inédite
Les xénogreffes, qui consistent à utiliser des organes animaux pour pallier la pénurie mondiale de donneurs humains, avaient déjà été testées sur des cœurs et des reins. Mais cette fois-ci, c’est un poumon qui a été greffé. « Les poumons sont des organes complexes à transplanter, mais cette opération chirurgicale constitue une avancée vers les essais cliniques », souligne l’article paru dans Nature et relayé par 20 Minutes. Durant les neuf jours qui ont suivi l’intervention, aucun incident majeur n’a été constaté : l’organe est resté viable et fonctionnel, sans rejet hyper aigu ni infection.
Un patient en état de mort cérébrale
Le receveur, un homme chinois de 39 ans en état de mort cérébrale, a reçu le poumon ayant subi six modifications génétiques pour renforcer sa compatibilité avec le corps humain. Le professeur He Jianxing, auteur correspondant de l’étude, a déclaré à l’agence Xinhua que « la xénotransplantation est considérée comme une solution prometteuse à la pénurie mondiale de donneurs ». Il a ajouté que cette réussite représentait « une étape cruciale dans le domaine de la transplantation pulmonaire ».
Une avancée reconnue à l’international
Pour Beatriz Dominguez-Gil, directrice de l’Organisation nationale des transplantations d’Espagne, « cette étude marque une étape importante dans la médecine translationnelle ». Elle rappelle toutefois la difficulté particulière liée à ce type de greffe : « Les poumons sont particulièrement complexes à transplanter, car ils reçoivent un flux sanguin considérable et sont constamment exposés à l’air ambiant, ce qui les rend vulnérables ».
Aux États-Unis, le docteur Muhammad Mohiuddin, chirurgien et chercheur à la faculté de médecine de l’Université du Maryland, salue cette première. En 2022, il avait dirigé la première greffe d’un cœur de porc sur une personne vivante. Selon lui, « les poumons sont les organes les plus difficiles à transplanter ». Il conclut : « Je salue leurs efforts. C’est un premier pas vers la xénotransplantation pulmonaire ».
Jusqu’ici, une demi-douzaine de patients en Chine et aux États-Unis ont déjà reçu des organes issus de porcs génétiquement modifiés, parmi lesquels des cœurs, reins, foies et même un thymus.