
Pour lutter contre le trafic de drogue, le ministre de la Justice Gérald Darmanin propose d’interdire les paiements en espèces. Cette mesure radicale soulève de nombreuses réactions.
Pour beaucoup, l’espèce reste un réflexe quotidien. « En tant que libraire, cela va nous impacter, notamment sur les petits achats », témoigne un commerçant. Même son de cloche chez les jeunes : « On est étudiants, on n’a pas toujours de carte bancaire. C’est plus facile de payer en liquide », explique une jeune interrogée. Une mère de famille souligne aussi l’aspect pratique : « Je préfère donner du liquide à mes enfants plutôt que ma carte quand ils sortent en ville avec leurs amis. »
Sur le fond, l’efficacité même de la mesure est contestée. Maître Christophe Molière, avocat, rappelle que « la cryptomonnaie échappe au contrôle de l’État. Et rien n’empêcherait un consommateur d’aller dans les pays transfrontaliers pour acheter des stupéfiants dans des pays où la mesure de l’interdiction de l’espèce ne s’appliquerait pas. »
Une opinion partagée par Philippe La Cognata, directeur de l’IDEOM à La Réunion : « On ne peut pas décider seul de la manière dont on utilise les espèces car nous appartenons à l’union monétaire européenne. Dans le passé, de façon cordonnée, pour lutter contre les trafics, on a supprimé le billet de 500 euros qui n’est plus produit dans l’Union européenne. »
D’autant que, selon la Banque de France, si la carte bancaire est désormais le moyen de paiement le plus utilisé, 60 % des Français tiennent à pouvoir encore régler en espèces. Une disparition totale du liquide semble donc difficile à envisager, malgré les ambitions du gouvernement.