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Un territoire frappé par une crise sanitaire profonde
Le manque de soignants atteint un seuil critique à Mayotte. Plusieurs services hospitaliers ont dû fermer temporairement, notamment les maternités de Mramadoudou et Dzoumogné, rapporte le Journal de Mayotte. Faute de renforts, les accouchements se concentrent sur Mamoudzou et Kahani. Le 18 juillet 2025, le Gouvernement a publié six décrets avec des incitations ciblées. L’objectif est d’attirer et de maintenir les soignants sur le territoire.
Une stratégie financière immédiate
Des primes spécifiques sont proposées aux professionnels les plus recherchés. Les sages-femmes reçoivent jusqu’à deux mois de salaire, répartis sur un engagement d’un an. Infirmiers, kinésithérapeutes et manipulateurs radio bénéficient d’une prime annuelle de 2 200 euros. Ces mesures visent à stabiliser des équipes trop souvent renouvelées. Les autorités misent sur l’attractivité financière pour pallier l’instabilité des missions.
Des leviers pour fidéliser à long terme
Les incitations dépassent les simples primes. Les praticiens hospitaliers conservent une indemnité importante, même pour une mission réduite à un an. Les contractuels gagnent une année d’ancienneté après trois ans sur place. En parallèle, les procédures de recrutement sont assouplies pour accélérer les embauches. Ces ajustements doivent créer un cadre plus stable et encourager les soignants à rester.
Des obstacles qui dépassent la rémunération
Malgré ces efforts, les inquiétudes persistent. Le taux de rotation reste élevé. L’isolement, la surcharge de travail et les conditions de vie freinent les engagements durables. L’eau manque, l’électricité est instable, les logements sont rares, et l’insécurité pèse jusque dans les établissements. Une infirmière en poste depuis plusieurs années confie que ces difficultés poussent nombre de collègues à repartir dès les premières semaines.
Des projets indispensables, mais encore lointains
Pour améliorer durablement la situation, un deuxième hôpital est prévu à Combani à l’horizon 2028. Il devrait comporter 400 lits et une maternité de niveau 2B. Ce projet vise à désengorger l’hôpital actuel et à élargir l’accès aux soins spécialisés. Aujourd’hui, Mayotte ne dispose que d’un seul centre hospitalier pour plus de 321 000 habitants. La pression sur les services reste extrême, en particulier en maternité. Les annonces gouvernementales sont donc perçues comme un début, mais pas encore comme une solution complète.
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