
Lars H Knudsen - PEXELS
Cette mesure municipale portée par la droite et l’extrême droite, alimente les débats dans le pays.
Une mesure inédite et polémique
La mairie de Jumilla, située dans la région de Murcie, a voté une motion interdisant l’usage des espaces publics pour les fêtes musulmanes. L’Aïd al-Fitr, marquant la fin du Ramadan, et l’Aïd al-Adha, rite central de l’islam sont concernés par cette décision. Le texte a été proposé par Vox, parti d’extrême droite, puis modifié par le Parti populaire (PP) conservateur avant son adoption le 28 juillet. Le parti politique d’extrême droite s’est félicitée de cette initiative sur le réseau X, affirmant vouloir préserver « les racines chrétiennes » de l’Espagne.
La ville espagnole abrite environ 27 000 habitants, dont près de 1 500 de confession musulmane. Pour ses élus, le but de cette nouvelle est de « préserver l’identité culturelle » et de réserver les infrastructures sportives municipales à des activités « organisées par la mairie ».
Un contexte de tension politique
La région de Murcie est devenue, depuis l’ascension de Vox, un foyer de mobilisation de l’extrême droite. Le mois dernier, à Torre Pacheco, une autre ville de la région, une campagne anti-immigration a visé les populations nord-africaines, réclamant la fermeture d’un centre d’accueil.
La motion de Jumilla soulève une question juridique. L’article 16 de la Constitution espagnole garantit la liberté religieuse et de culte. Toutefois, le texte adopté contourne l’interdiction explicite en imposant que toute activité non sportive dans les lieux publics soit parrainée par le conseil municipal, dominé par le PP.
Des réactions indignées
Pour la Fédération espagnole des entités religieuses islamiques, cette mesure est ouvertement discriminatoire. Dans sa déclaration au journal El Pais, son président, Mounir Benjelloun Andaloussi Azhari, dénonce une « proposition islamophobe » visant spécifiquement les musulmans.
La gauche espagnole n’a pas également tardé à commenter la situation. Francisco Lucas, chef du Parti socialiste à Murcie, accuse le PP de violer la Constitution et de fragiliser la cohésion sociale. Plusieurs observateurs rappellent que l’Espagne compte environ 2,5 millions de musulmans, dont plus d’un million de nationalité espagnole.
L’Observatoire andalou tient à rappeler que cette décision occulte le passé musulman du pays. Pour ses opposants, elle marque un précédent inquiétant en matière de restrictions religieuses. Pour ses défenseurs, elle protégerait une identité culturelle jugée menacée.
Source : BFMTV