
Alexander Kazakoz -SIPA-Juillet 2025
Aucun scrutin n’a été organisé. Une décision qui enterre les engagements de retour à la démocratie et qui inquiète les acteurs politiques et la société civile.
Un pouvoir consolidé jusqu’en 2030, sans élection
Selon 20 minutes, le jeudi 11 juillet, un décret officiel a confirmé la promulgation d’une nouvelle loi constitutionnelle au Mali. Ce texte désigne Assimi Goïta comme président pour cinq ans, avec la possibilité de renouveler son mandat « autant de fois que nécessaire ». Il n’y a eu ni vote, ni consultation populaire. Ce changement permet au général de rester en fonction jusqu’au moins en 2030.
La nouvelle charte indique que le mandat pourrait être écourté, seulement si les conditions soient réunies pour organiser une présidentielle « transparente et apaisée ». À ce jour, aucune date n’a été fixée. Tous les membres du gouvernement de transition sont autorisés à se présenter aux futures élections générales.
Ce tournant intervient alors que les militaires avaient promis un retour au pouvoir civil d’ici mars 2024. Cette promesse ne sera donc pas tenue. La loi entérine les décisions prises lors d’une concertation nationale tenue en avril, à laquelle les principaux partis politiques n’ont pas pris part.
Opposition marginalisée, partis supprimés, libertés suspendues
La concertation d’avril 2025 a été dominée par les soutiens de la junte. Elle a recommandé plusieurs mesures controversées : prolongation du mandat présidentiel, restrictions aux partis, et renforcement du contrôle militaire. Depuis, tous les partis et associations à caractère politique ont été dissous par décret. Leurs activités, y compris les réunions, sont désormais interdites.
Le 3 mai, plusieurs centaines de personnes ont tenté de manifester à Bamako. Encadré par les forces de l’ordre, ce rassemblement exceptionnel a exprimé son opposition à la dissolution des partis. Des leaders politiques ont dénoncé publiquement cette dérive autoritaire. La situation politique actuelle empêche toute expression libre dans l’espace public.
Un contexte sécuritaire explosif depuis plus d’une décennie
Depuis 2012, le Mali traverse une crise sécuritaire grave. Le nord et le centre du pays sont régulièrement la cible d’attaques de groupes liés à Al-Qaïda ou à l’État islamique. Ces violences, auxquelles s’ajoutent des tensions communautaires et des trafics armés, ont causé des milliers de morts et déplacé plus de 400 000 personnes.
Dans ce climat instable, les décisions de la junte interrogent sur la possibilité d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Assimi Goïta, au pouvoir depuis les putschs de 2020 et 2021, détient désormais les pleins pouvoirs, sans calendrier de transition crédible.