
Elle est déjà rare, chère et convoitée, elle est désormais menacée. La tomate péi fait face à un virus redouté, détecté pour la première fois à La Réunion : le To.B.R.F.V. Extrêmement contagieux, il peut anéantir des exploitations entières. Les agriculteurs sont inquiets, ici aucune variété ne lui résisterait. "C’est très compliqué pour nous. Si une exploitation est contaminée, elle serait mise en quarantaine et on ne pourrait plus travailler", indique Pierre Clairivet, gérant d’une exploitation de tomates.
Le virus se transmet par simple contact, une main qui touche une tomate contaminée puis un plant sain et la propagation est lancée. Le virus survit plusieurs mois sur la peau sans danger pour l’humain, mais destructeur pour les cultures. Ce sont des tomates cerises importées du Maroc et à la couleur étrange qui ont mis la puce à l’oreille d’Élise Kuirin, technicienne à la coopérative des fruits de La Réunion.
"Ce sont des défauts de colorisations qui peuvent être dus à un problème physiologique, mais il se trouve que sur la tomate cerise il est assez rare d’observer ces problèmes. Cela m’a tout de suite fait penser à une virose. On est sur le qui-vive, on savait que ce virus pouvait entrer à La Réunion".
Certains agriculteurs dénoncent un manque de contrôle à l’importation. "On nous a exigé des traitements pas possibles. Nos letchis sont sous surveillance, nos mangues ne sont plus exportées, nos piments également et on laisse rentrer tout ce qui vient de l’extérieur", regrette Jean-Michel Moutama, président de la CGPER.
Face à l’inquiétude, la DAAF réagit : seule des tomates de consommations, déjà vendues sont concernées. A ce stade, aucun champ n’est contaminé. "On est sur une première détection sur des tomates de consommation, pas des tomates de plantation. Le risque de transmission entre une tomate de consommation et un champ est négligeable scientifiquement. Les matériels qui seraient à risque sont soit interdits à l’importation soit rigoureusement contrôlés", explique Laurent-Xavier Delmotte, adjoint en chef du service de l’alimentation à la DAAF.
Pour les producteurs le mal est fait, le virus est là. Une réunion d’urgence avec la préfecture doit se tenir très prochainement.