
Alain Robert-SIPA-JUlLLET 2025
Près de 30 ans séparent le plus jeune prévenu du plus vieux. Et pourtant, ils sont là, à la même barre pour répondre de leurs actes, différents pour chacun d’eux.
Le cadet de la bande, Stanley D, a atteint la majorité il y a quelques mois. Il vit son premier moment en tant que mis en cause. De trois ans, son ainé, Quentin F. a déjà été condamné par le passé. Pascal H. le doyen, du haut de ses 48 ans, est lui aussi connu des services.
Dans la nuit du 3 au 4 août, les trois complices se retrouvent avec une des victimes pour boire un coup. Après quelques verres, la joyeuse bande décide de sortir en boîte de nuit avec la voiture du quatrième. Au volant, Pascal H. qui n’est pas titulaire du permis est sous l’empire de l’alcool. Arrivés, les quatre protagonistes se voient refuser l’entrée. Ils rebroussent chemin et se rendent à un parking. C’est à ce moment-là que tout dérape. Le plus jeune prévenu, ivre s’en prend violemment au propriétaire du véhicule. Il le roue de coups. Un témoin assiste à la scène et tente d’intervenir.
Paniqué par la tournure des événements, Pascal H. invite ses deux jeunes complices à décamper au plus vite en voiture, laissant le propriétaire de celle-ci derrière eux. Les trois fuyards ne vont pas bien loin, ils rentrent chez eux. Alertées, les forces de l’ordre finissent par retrouver les trois mis en cause. Pris au dépourvu par les policiers, Pascal H et Stanley D se laissent interpeller sans problèmes. Quentin F, lui en décide autrement et pousse le fonctionnaire de police. Celui-ci chute lourdement entraînant une ITT (incapacité totale de travail) de 45 jours.
"On s’est battus et j’ai gagné"
Après ce bref rappel des faits de la présidente du tribunal, les trois prévenus sont interrogés. Les trois mis en cause sont poursuivis pour le vol du véhicule. Par ailleurs, il est reproché à Pascal H une conduite sans permis et sous l’empire d’un état alcoolique, à Stanley D des violences volontaires sur le propriétaire de la voiture et à Quentin F des violences volontaires sur le fonctionnaire de police.
Stanley D est le premier à répondre aux questions des magistrats. Peu bavard, le jeune homme, explique son altercation par un simple "on s’est battus et j’ai gagné", ce qui ne manque pas de surprendre le tribunal.
Le doyen du trio est quant à lui questionné sur sa conduite sans permis et son état d’ivresse. Le prévenu tente, tant bien que mal d’expliquer au tribunal qu’il sait conduire et qu’il n’a pas pu passer l’examen à cause de manque de moyen.
Quentin F, auteur des faits les plus graves, explique qu’il était alcoolisé qu’il ne se rendait pas compte de ses actes. Il se défend en minimisant les faits "je n’ai pas fait exprès de le pousser". La présidente du tribunal tient à lui rappeler que pousser quelqu’un, est bien un acte intentionnel.
L’avocate de la partie civile, évoque dans un premier temps, l’état de son client. Elle parle d’une violence démesurée. Elle demande 2 500 euros à l’auteur des violences sur le fonctionnaire de police.
Des prévenus "à côté de la plaque"
Durant son réquisitoire, le parquet commence en évoquant l’état préoccupant des deux victimes de l’affaire. "Ils auraient pu ne pas être là", déclare la parquetière. Le ministère public poursuit en parlant d’une décontraction totale des trois prévenus et d’un recul inexistant. "Ils sont complétement à côté de la plaque et de la réalité."
La procureure requiert 12 mois d’emprisonnement dont 6 mois avec sursis probatoire pour Pascal H. 24 mois d’emprisonnement dont 12 assorti d’un sursis probatoire pour Stanley D. Enfin la requiert deux ans de prison ferme et une révocation totale de son sursis probatoire pour Quentin F.
Me Moissonnier, conseil de Pascal H, remet en cause les circonstances du vol. Elle plaide la relaxe de celui-ci.
Me Normand, l’avocat des deux jeunes prévenus, remet également en cause le vol de véhicule.
Après de longues minutes, les magistrats annoncent leur délibéré, loin des réquisitions du ministère public. Quentin F est le seul des trois prévenus à séjourner en prison. Il a été condamné à 18 mois d’emprisonnement, dont 12 mois assorti d’un sursis probatoire. Ses deux complices ont écopé de peines totalement assorties d’un sursis probatoire.
-Loïc Vidon