
Lorsqu’il sort des geôles du tribunal, Willy M. s’avance calmement dans le prétoire. Lui emboîte le pas, deux autres détenus (Antoine B. et Irchade O.) dont un particulièrement agité et rancunier pour ce qu’il a subi. Le regard noir, fixé sur son agresseur, l’une des deux victimes ne souhaite qu’une chose : en découdre. La présidente le remarque et ne manque pas de le prévenir : au moindre débordement, pas le droit d’assister à l’audience.
Les faits se déroulent à Domenjod. Alors qu’il purge une peine de 8 ans pour trafic de stupéfiants, le prévenu se mêle d’un différend entre deux autres prisonniers. L’un d’eux, souhaite se battre avec lui. Ce même détenu, reconnu comme victime dans le cadre de cette audience, ne cesse de le menacer, mais rien de concret.
C’est alors que vient au mis en cause l’idée de confectionner une arme, à l’aide d’un bout de miroir cassé et de trois lames de rasoir. Une fois fabriqué, il dissimule son objet sur lui et attend le bon moment. Une fois dans la cour, il se précipite sur Irchade O. et tente de lui asséner des coups. Antoine B. s’interpose en ceinturant le mis en cause. Malheureusement, c’est finalement lui qui reçoit les assauts de Willy M.
Quand le tribunal lui demande pourquoi il a commis ces actes, le prévenu répond sur un ton presque timide "c’était pour me défendre". Mais les magistrats ne manquent pas de lui rappeler que c’est bien lui qui est à l’origine des faits.
À la barre, Willy M. reconnaît. Difficile de nier quand il y a plusieurs témoins et des vidéos de caméra de surveillance.
Des dommages et intérêts dérisoires
Après avoir été repris plusieurs fois par la présidente du tribunal, Irchade O. s’exprime enfin. Le détenu affirme qu’il ne souhaitait pas se battre avec lui. Pour ce qu’il a subi, le prisonnier demande une somme irréelle. "Tu as de l’argent toi, je veux 30 000 euros", hurle-t-il du box des prévenus.
Antoine B., beaucoup plus calme de son côté et victime indirecte des assauts de Willy M., demande quant à lui 39 000 euros de dommages et intérêts.
Durant son réquisitoire, le ministère public dresse le portrait d’un homme particulièrement dangereux. La parquetière soutient que les murs de la prison n’arrêtent pas le mis en cause. La parquetière parle de "violences préméditées" et estime qu’il aurait pu tuer. Elle requiert 18 mois d’emprisonnement.
Dans sa plaidoirie, l’avocate de la défense, parle d’un détenu pas dangereux criminologiquement. Elle poursuit en évoquant les différentes menaces que son client a reçues. Elle termine sa plaidoirie sur le fait que le prévenu regrette ses actes et demande un quantum raisonnable au tribunal.
Après quelques minutes en salle de délibéré, les magistrats reviennent et annoncent la peine. Ils suivent les réquisitions du parquet et condamnent Willy M. à 18 mois d’emprisonnement. Les victimes, quant à elles, percevront respectivement 5 000 euros pour Antoine B. et 500 Irchade O. Une somme qui n’a pas manqué d’agacer ce dernier qui, en partant, a insulté son agresseur.
-Loïc Vidon